Vos visages germent en nous, jeunes, ridés, bronzés, livides, vos yeux sont bruns, noirs, bleus, les expressions dures, avec ou sans lunettes, figés dans un instant de sourire sous les yeux de quelqu’un que vous aimez, lors d’une promenade, d’un anniversaire, d’un jour de fête, d’un grand événement, vous avez les cheveux longs, courts, rasés, colorés, blancs, vous êtes chauves, un léger duvet a commencé à pousser depuis un an, quatre ans, vous avez une barbe, une moustache, rasés de près, vêtus d’un débardeur, d’un maillot de bain, coiffées d’un chapeau en paille, en tissu blanc, vos cheveux volent au vent chaud des vacances, vous portez un bonnet, un bob, une casquette, vous venez d’un kibboutz, d’un mochav, d’un village, vous venez d’une petite ville, d’une grande ville, vous êtes en été, vous êtes en hiver, vous êtes dans le pays, hors du pays, aveuglés par le soleil, trempés par la pluie, délavés par les aléas de la météo, arrachés des murs, des murets, des poteaux, des stations de bus, des panneaux d’affichage libre, la plupart d’entre vous ont déjà les yeux fermés, vous avez de un an à quatre-vingt-six ans, vous êtes cent trente-six, vos prénoms sont les prénoms de nos enfants, de nos mères, de nos pères, de nos sœurs, de nos frères, de nos grands-pères, nos amoureuses, nos amoureux, nos amis, nos voisins.
Nous parlons de vous, assis dans nos maisons, en voyage, en nous couchant, en nous levant, en attachant un signe jaune à nos bras, et cent vingt-trois jours ont défilé en rouge sur le sablier posé en fronteau entre nos yeux: Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant. Maintenant.