D’abord vient le nom
Propre : ange, nom de famille : prophète[1]
avec un nom pareil, pas étonnant que tu soies venu me voir ?
À 6h40, tu es appelé à un poste éloigné mais
tu te précipites vers le plus proche, vers la fin, vers
la connaissance, le ciel, l’orage
Les chiffres m’aident
Âge, 19 ans. Tué par un canon antichar. Bataillon 77. Unité 7. L’aîné de 7.
Ton regard efface les mots mais les chiffres ont encore un sens
Vu pour la dernière fois : le 7.10.23
se frayant un passage vers la fin pour sauver sauver
vu pour la dernière fois : transporté en coup de vent vers le ciel.
J’essaie de te récupérer pour le poème :
des fossettes qui ont poussé une barbe, l’innocence d’un sourire d'enfant,
des yeux qui répandent la paix
« Comme j'aime les prophéties de consolation et de rédemption », dis-tu,
À 13 ans tu montes au Pays depuis le grand continent
un instant sur la terre l’éternité en elle
« Mon gâteau a meilleur goût quand mon ami
le mange », dis-tu. Du cœur de Jérusalem, après un trimestre, je te réponds
de l’oxygène dans les poumons et un geai à la fenêtre :
Il mange. Il mange.
Traduit de l’hébreu par Colette Leinman et Ilai Rowner
[1] Le titre du poème : Ariel est le nom d’un ange, et Eliyahu est le nom du prophète Elie